L’effet Thalys
Dans un récent rapport intitulé "Quelle influence pour la France au sein de l’Union européenne ? ", l’Institut des hautes études de la défense nationale (IHEDN) expose les raisons de la perte d’influence de la France dans les instances communautaires. L’entrée en service du Thalys, train rapide qui relie, notamment Paris à Bruxelles a eu un effet inattendu sur la politique française.
Les fonctionnaires chargés de dossiers défendus devant les instances communautaires ont été contraints de limiter leurs frais de déplacement en ne passant pas de nuit à Bruxelles, les assujettissant de fait aux horaires des trains à destination de Paris.
Or, on le sait bien, ce n’est pas en réunion officielle que les dossiers avancent ou sont arbitrés. C’est la veille au soir en réunion préparatoire, et les jours qui suivent en fréquentant la communauté des "influenceurs" (lobbyistes, think tank, organisations non gouvernementales, participation à des colloques ou des séminaires, etc...).
C’est ainsi que l’entrée en service de Thalys, mettant Paris à moins d’1 heure 30 de Paris, a sonné le glas de l’influence française dans les instances communautaires.
Nos partenaires plus éloignés de leur base ou qui n’avaient pas de soucis budgétaires quant aux frais occasionnés par les fonctionnaires chargés de dossiers, ont pu ainsi faire état, au cours de cocktails ou de dîners, de difficultés particulières ou de situations spécifiques permettant ainsi de reporter des décisions à un comité ultérieur, les parties prenantes s ‘étant entendues par avance et, sans doute, des concessions réciproques consenties, en l’absence de représentants français.
Cette perte d’influence va de pair avec la diminution de l’usage de la langue française, la part des documents rédigés à l’origine en français n’était plus de 12,3 % en 2007 contre 26,3 % en 2004.